J'ai rencontré ce matin un jeune athlète d'une vingtaine d'années qui courait en salle sur tapis.
Un pied excellent et une foulée très souple.
Je l'ai interrogé sur sa spécialité. Il m'a dit faire uniquement des courses de trail sur des distances longues (pas d'ultra) et préparer un marathon.
Je l'ai interrogé sur son entraînement. Hormis un traditionnel 10X400 récup 1' et des séances au train sur des durées avoisinant les 15 à 30', pas de travail spécifique de développement de la vitesse.
Je respecte bien entendu les choix de chacun mais je ne peux m'empêcher de penser que l'ambiance actuelle qui promeut le trail (que j'ai un peu pratiqué par ailleurs, dont je suis l'actualité et admire les champions que sont Kilian Jornet ou François D'Haene pour ne citer qu'eux) gâche la carrière de certains espoirs talentueux qui auraient pu, selon moi, passer par la piste (ou même la route sur courtes distances) pour progresser en vitesse, faire des chronos et ensuite, seulement,"monter" sur du long et enregistrer des résultats bien supérieurs.
Pour généraliser mon propos et quitter le seul domaine du "jeune espoir talentueux et prometteur", la majorité des pratiquants n'ont malheureusement pas acquis la culture de la piste.
Ils sont pour la plupart très rigoureux dans leur routine quotidienne (c'est une marque de fabrique dans ce sport), s'entraînent souvent entre cinq et sept fois par semaine, font beaucoup de kilomètres...mais ne font pas le travail spécifique ni la compétition qui font passer les vrais caps et permettent les chronos.
Or, c'est quand on est performant en compétition sur 3000 ou 5000m que l'on se "promène" sur 10000. En conséquence, ils végètent pour la plupart avec des temps très moyens.
C'est pour cela que le niveau du peloton est en chute libre. Les équipementiers ont tout fait pour attirer la masse vers le trail (le prix de l'équipement est sans commune mesure avec celui d'une paire de pointes...).
Les performances chronométriques sont devenues secondaires et hormis se dire "Kilian m'a mis 5 heures dans la gueule", je ne sais pas vraiment ce que vaut ma performance et je me contente d'être finisher sur des courses que n'importe qui peut terminer avec un minimum d'entraînement (et je fais le beau devant les profanes).
J'exclus l'ultra de mon raisonnement car même à l'allure la plus faible, arriver au bout d'un UTMB ou de la Diagonale des Fous exige une force mentale bien supérieure à la moyenne et mérite le respect.
Ceci dit, en laissant de côté mon amour de la compétition et de la performance, je suis extrêmement heureux lorsque les chiffres montrent que de plus en plus de personnes pratiquent la course à pied, prennent soin de leur corps et améliorent leur vie grâce à cela.
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